vulnérabilite

Face à la souffrance, nous disposons de plusieurs stratagèmes :

fuite, déni, affrontement, acceptation...

mais l’enfant que nous étions, lui, n’a pas eu d’autre outil que le refoulement de ses souffrances, souvent non entendues, ou non écoutées.

Privant ainsi l’adulte qu’il allait devenir, de bien des capacités :

être sensible, accueillir ses émotions, ou se souvenir.

Le poussant à se construire une conception du monde et de la réalité dramatiquement concrète, binaire, compartimentée, faite de bien et de mal, dans laquelle la « spiritualité » (souvent confondue avec la religion) relève de la croyance des gentils perchés, et des naïfs.

Et nous en arrivons à ignorer le pouvoir et les bienfaits de la vulnérabilité.

Jusqu’au jour où tout craque, où notre conception du monde ne suffit plus à expliquer telle tension, telle colère, telle rupture, telle... maladie. Et nous nous retrouvons face à l’incompréhensible, qui nous pousse à aller, enfin, face à l’inexplicable, regarder dans l’enfance, là où, pourtant, tout n’était déjà que rêves, imaginaire, symboles, archétypes et magie.

Seulement, le lien ayant été coupé, la cartographie n’est pas établie, les souvenirs enfouis, les évènements significatifs et fondamentalement constitutifs de cet adulte si rationnel et solide : refoulés.

Vivre dans le rejet de la dimension spirituelle c’est réduire l’expérience de la vie à une infime partie de ce que nous sommes. C’est renier ou ignorer l’existence de la nature fondamentalement immatérielle de notre être, et traverser l’existence amputé de cette conscience indispensable au bonheur, et à la compréhension de ce qui se joue ici :

Nous sommes infiniment plus que notre corps et notre identité, et nous sommes, l’espace d’une courte vie, l’univers s’expérimentant lui-même à travers une forme humaine.

Stephan Schillinger